C’était un jour comme ça
J’étais perdue dans mes pensées
M’disant à quoi ça sert la vie
Et puis c’est arrivé
Ce vide ce doute qui m’a pris
Dans mes pensées j’me suis perdue
J’ai plus retrouvé le fil
Soudain j’ai froid je m’sens nue
Larguée et un peu débile
Au fond d’mon lit il faisait chaud
J’étais sûr de moi, peut-être trop
Parce qu’là je suis plus sûre de rien
De moi, des autres, du destin
Pourtant j’étais sûre de mon dû
De tout c’qui me revenait de droit
Et qui maintenant semble perdu
Ces rêves ces choses qu’était rien qu’à moi
Ce jour là on m’a dit qu’on a rien sans rien
Qu’la fourmi m’donnerait pas d’coup main
Qu’un jour ou l’autre la cigale
Finit sur l’trottoir rue Pigalle
Alors j’ai du faire mes bagages
Apprendre la vie et ses rouages
J’ai du apprendre à espérer
A attendre, à désirer
J’ai du apprendre à dire merci
Voire qu’j’étais pas seule ici bas
A faire attention à autrui
Et arrêter d’penser qu’à moi
Ca devait être ce jour là
Je suis tombée de mon nuage
Comme un piaf se prend une bagnole
Je m’suis relevée un peu sonnée
Autour de moi tant de visages
Comme quand on boit trop d’alcool
Tant de figures alambiquées
Je prends part à cette farandole
Mais je titube, je perds pieds
Dans ma bulle, dans mon cocon
J’voyais bien qu’ça tournait pas rond
Y’ avait un flou dans l’atmosphère
Le flou des autres et leurs lubies
Qui pensent tenir la terre entière
Une planète bleue ronde et flétrie
Où les fleurs poussent dans l’asphalte
Et où le feu brûle aux carrefours
Où quand les gens marquent une halte
Ils font finalement demi-tour
Les pigeons toussent et les chiens boitent
Les gens se coursent et puis se battent
Certains attendent les yeux en l’air
Eux qui s’en foutent que le temps passent
Qui se plantent le nez par terre
Regardent défiler des godasses
C’était un jour pareil
Où je savais plus l’heure
J’avais perdu la tête et égaré mon cœur
Alors je erre je marche, je sautille au hasard
Comme Noé sur son arche j’veux larguer les amarres
Partir refaire le monde : vous verrez ce s’ra bien
Parce qu’ici tout est gris
La pluie, les murs, les hommes
Parce qu’ici on s’ennuie
Qu’c’était mieux à Sodome
Ici, les oiseaux font de l’asthme
Les hirondelles sont en sang
Alors je fais des cataplasmes
Pour que revienne les printemps
Et que reviennent les jonquilles
C’est que les frêles volatiles
Lors des migrations hivernales
Ont vu les carnages de l’Afrique
Leurs déserts de scandales
Où explosent des bombes atomiques
Les uns contre les autres, les hommes se font la guerre
Les uns après les autres, ils enterrent des frères
Et l’idée de vengeance les rend plus intrépides
Ils amassent des armes et font des génocides
Les hommes sont vraiment fous
Ils ne pensent qu’à leurs sous
Qui brillent comme des étoiles autour de leur astre
Cet argent les aveugle et voilà le désastre
Leur astre lumineux c’est la télévision
Moi le soleil me brûle, m’aveugle de ses rayons
Moi quand la nuit m’apaise, qu’enfin je dors et rêve
Les autres s’agitent, baisent, ils se saoulent et en crèvent
Ah la terre est si belle qu’on en tombe amoureux
Comme on tombe on se blesse et ça nous rend peureux
On ne prend plus de risque, on évite les heurts
On prend des antistress, on oublie not’ malheur
On va voir notre psy pour se remonter, l’moral
Puisqu’elle est belle la vie et qu’tout va pas si mal
Et que la vie est belle, c’est ça oui
C’était un jour, comme ça
Je pensais pas vraiment
J’attendais sur le quai le regard droit devant
Les yeux un peu brouillés je regarde les gens
Quand me viens cette idée
Autour la pluie tombe
Je vois qu’arrive le train
Vous laisser à vos bombes
Vous qui manquez de rien
C’est là que je déraille et que passe le train