Maman tu m’avais dit
Que ton monde était beau
Tu sais quand tu m’disais
Que j’étais si jolie
Même si je chantais faux
Tu m’avais dit maman
Que pour toutes les princesses
Il y a un prince charmant
Tu sais maman je cherche
Mais les crapauds sont morts
Dans les cours d’eau usée
Il y a pas de château fort
Juste du béton armé
Maman tu m’avais dit
Que dans le monde des grands
On fait plein de voyages
Mais je crois qu’on me ment
La terre n’a qu’un visage
Il n’y a qu’un terminus
L’épopée se termine
Mais que vouloir de plus
Que du temps qu’on élime
Maman t’avais promis
Que je serais célèbre
Que je serais quelqu’un
Qu’ça sert à ça l’algèbre
Et apprendre le latin
Mais vois autour de moi
Ces gens exceptionnels
Peut-être que si pour toi
J’resterai la plus belle
Moi je m’en fous maman
Je veux juste que les autres
Me voient et puis m’entendent
Etre de ce monde : le vôtre
Qu’on m’aime et qu’on m’attende
Maman tu m’as menti
Elle est pas belle ta vie
Les gens marchent trop vite
Il marchent trop droit, m’évitent
Et moi je suis toute seule
Moi qui sais pas courir
Qui pensais qu’à ma gueule
Et à faire des sourires
Le nez sur mes orteils
J’en veux plus d’ton soleil
Qui m’a cramé les yeux
Tout c’temps tu m’as fait croire
Qu’on pouvait vivre heureux
Pourquoi tu m’as pas dit
Qu’un jour quand on grandit
Les bonbons nous écœurent
Qu’on aime plus les barbies
Qu’on aime plus les couleurs
Pourtant tu m’avais dit
Que le temps ça compte pas
Et que plus on grandi
Et plus on prend sur soi
Qu’un jour on devient sage
Qu’on se contente de peu
Puis qu’on fait ses bagages
Pour partir vivre à deux
Mais moi j’ai pas d’valise
Juste un sac de couchage
Question prince c’est la crise
Ya qu’des amants volages
Maman qu’est c’tu dirais
Si j’osais t’avouer
Que mes histoires de cœur
Sont qu’des histoires de cul
J’veux croire à mon bonheur
Mais en vrai j’en peux plus
Alors c’est ça ton monde
Où le temps qui s’écoule
Est fait de chronomètres
Où les pigeons roucoulent
Mais chient sur nos fenêtres
Alors c’est ça ta vie
Où on ramasse des miettes
J’veux ma part du gâteau
D’l’amour dans mon assiette
Et puis pas en morceaux merci
Mère si c’est ça ton monde
Ben je vais faire avec
Me faire des bleus aux genoux
Et me fêler la tête
Je vais être une casse cou
Me jeter dans la vie
Comme une dératée
Quitte à vivre à crédit
Je préfère rien manquer
Si j’avais un marteau
J’partirai tout casser
Mais je n’ai que des mots
Pour v’nir vous affronter
Moi qui sais pas me battre
Moi qui sais pas crier
Et qui essuie mes plâtres
Maman ça fait si mal
Tu crois que dans ton monde
Il reste des poètes ?