J’t’ai dans les yeux
Mais si, approche, regarde mieux
Je sens que ma cornée est humide
Crois moi je veux rester placide
Mais j’t’ai dans l’œil comme une poussière
Qui excite mon globe oculaire
Tu vois maintenant dans l’fond d’l’iris
Tu vois cette flotte que mes yeux pissent
Je sens que ma rétine déborde
Que toutes mes paupières sabordent
Voilà que mes pupilles trahissent
Que sur ma joue une larme glisse
Je t’ai dans l’œil, regarde bien
Tu vois pas que je chiale crétin
J’t’ai dans la tête toute la journée
Je fais mes emplettes l’air concentré
Mais il y a ton nom à la radio
Sur le badge du mec de Mc Do
Les fast food me réussissent pas
Je sors marcher où vont mes pas
Pour faire le vide, pour plus penser
Changer d’air et changer d’idées
Mais… j’t’ai dans la tête comme une chanson
Comme une rengaine, comme une leçon
Un théorème, une phrase par cœur
Que l’on récite avec lenteur
Le poids d’un corps est la force
D’attraction exercée par la Terre sur ce corps
Cette force est verticale, orientée vers le bas
Et appliquée au centre de gravité G
Sa valeur s’exprime en newton.
Je t’ai gravé dans mon cerveau
Comme dans un tronc au couteau
Mon encéphale est saturé
J’perds la raison, je perds mes clés
Le trousseau qui ouvrait mes rêves
Alors je dors plus et j’en crève
Tu claques la porte je claque tout court
Le rêve avorte mais moi j’accours
J’aurais du faire un double des clés
J’suis cadenassée dans mes pensées
Enfermée comme entre quatre murs
Je t’ai dans la tête, comme blessure
J’t’ai dans la peau
Et sur mon corps et dans mes trippes
Cet urticaire démange, m’irrite
De l’exéma qui se propage
Et un ulcère à l’œsophage
J’t’ai dans la gorge j’peux plus parler
Mes lèvres sont tétanisées
T’es mon herpes ma scarlatine
T’es la varicelle qui me mine
La sclérose sur chacun de mes pores
La syphilis qui me tord
J’t’ai sur la gueule en plaques d’acné
Eparses rouges et boursoufflées
Qui suintent, qui saignent sur mon visage
L’adolescence fait des ravages
(Je t’ai dans l’cul, regarde connard
Quand j’pense à toi j’marche en canard) > petit égarement lyrique
J’t’ai dans la peau comme une caresse
Ou comme la main qu’on met aux fesses
J’t’ai dans la peau comme un frisson
Comme une fièvre de nourrisson
Je t’ai dans l’cœur tu comprends pas
Mon cœur qui pleure, qui bat, qui bat
Et oui ça lance, ce cœur qui bat
Et sonne le glas de mon trépas
Comme un tambour, comme un gong
Qui scande chaque coup comme claque une tong
Chaque seconde que le temps aiguille
Et qu’il aiguille mes ventricules
Et qu’il aiguille mes oreillettes
Mais après tout je suis une fille
J’ai bien le droit d’être ridicule
Si les amoures sont désuètes
J’t’ai dans le cœur comme un souffle
Comme du vent dans les amarres
Dans cette bourrasque je m’étouffe
Putain arrête toi connard!
Tu vois pas que j’ai un souffle au cœur
Il y a des lois des corps que la physique ne connaît pas:
Le poids d’un corps est la force d’attraction
Exercée par les yeux sur ce corps
Cette force est verticale, orientée vers le haut
Et appliquée au point G
Sa valeur s’exprime en fréquence cardiaque