Grabataires, grabataires
Diagnostiqués d’inutilité à la vie
Quand sera levé l’interdit
Ayez s’il vous plaît la décence
De mettre un terme à vos souffrances
Que vivent mieux ceux qui le pourraient
C’est que vous êtes à nos frais
Que dans vos beaux hôpitaux blancs
Nos sous s’évaporent dans le vent
Qu’il nous reste rien dans nos taudis
Pour vivre ce qu’on appelle une vie
Les carcasses de nos trentenaires
En peuvent plus de cette misère
Alors ayez donc l’obligeance
Oui saisissez cette grande chance
D’aller tout droit au paradis
Pour service rendu à autrui
Nous pousser pas à bout de nerf
Ou on finira par le faire
Mettre une bombe dans un hôpital
Alléger la dette nationale
Puis avouez que c’est ennuyeux
Mourir comme ça à petit feu
En attendant que les enfants passent
Pour vous soutirer un peu d’cash
La galère des maisons de repos
Où il faut encore se lever tôt
Se farcir des repas sans sel
Regretter la bonne vieille vaisselle
Parce que les couverts sont en plastique
C’est tout de même plus économique
Puis faudrait pas que les vieux se suicident
L’agonie peut rendre intrépide
Non mais sans rire, on a pas droit
De décider où, quand, pourquoi
De partir dans une belle mort
Et non pas vivoter à tort
A la grande joie des docteurs
Qui repoussent à ses limites l’heure
Ils se targuent de dire qu’il doit lui rester
Un mois encore avant de claquer
Et encore c’est approximatif
Les médecins sont si inventifs
Où est la dignité de l’homme
Allez qu’on fasse un referendum
En tous cas pas dans ces instituts
Ou leurs souffrances tuent leurs enfants
C’est beau de vivre jusqu’à cent ans
Vivre ? Pardon c’est trop marrant !
S’il y a des vieux qui pètent la forme
D’autres on sait pu s’ils sont morts, s’ils dorment
Ils colmatent, ils balbutient,
Ils geignent, poussent des petits cris
N’allez pas me dire que ça c’est vivre
Quand on peut même plus déglutir
Que c’est la perf’ de glucide
Qui vous retient de tomber dans le vide
Des tubes transparents par dizaines
Qui vous transpercent, qui vous assènent
Un peu de paracétamol
De la morphine et on décolle
Ah vivement que la nouvelle loi passe
Que finisse le temps des limaces
On décidera de notre fin
Pour l’avenir de nos bambins
On fera des suicides collectifs
En groupe d’amis, du genre festif
Comme ils faisaient avec les juifs
On reprendra l’idée des fours
Comme au camp de Flossenbürg
Mais sur ce principe d’état nazi
Reste bien un petit souci
Car tout le monde sait que sur un légume
Le plus dur à broyer,…c’est
Le fauteuil roulant