Comme un air de fête
Les silhouettes tanguent
Hurlent à la lune comme une horde de loups.
Prédateurs souffreteux dansant sur leurs pattes folles
La rue de la soif
Ca ne s’invente pas
Les ombres courent, tombent, chancelles
Les lèvres crient, rient, boivent, les gorges déglutissent
Tout s’enflamme, gerbes de lumière, les visages aveugles dégueulent
Comme un air de fête
Dans les rues des pantins, marionnettes bariolées,
Et puis…. des poupées de chiffons sur des cartons humides
Poupées grises et barbues sur les peluches osseuses
Des carcasses qui gueulent, boivent et pissent,
Mais mangent plus beaucoup
Et quel triste théâtre que celui de la rue
Où l’on vient oublier nos absurdes existences
Dans un ami, un verre ou un fond de bouteille
Comme un air de fête Où on tombe le masque
Nos masques blancs d’acteurs, de fourbes, d’hypocrites
Puisqu’on n’est plus personne dans cette farandole
Qu’un pauvre moi bien seul
Qui veut juste oublier et se met à valser au beau milieu d’une place
En barbouillant un mur pensant laisser sa trace
Comme un air de fête
Où les yeux deviennent flous, les contours imprécis
Comme un air de fête, un soir sans demain
Où on se fout des autres et de la bien pensence
La rue de la soif, Ça ne s’invente pas
Quand les sans abris crèvent dans le creux des trottoirs
Les étudiants vomissent appuyés à un mur
Et de l’autre côté des façades pissotières
De jeunes gens copulent contre une porte de chiotte
Des quarantenaires gris regrettent leur divorce et pensent à leurs enfants
Et tout autour s’échappe, avalé par les heures qu’on ne voit plus passer
Parce-que c’est ça qu’on veut, tromper le temps, les autres
Se mentir à soi même
La rue d’la soif, ça n’s’invente pas
Quand on est triste et seul, Au cœur déshydraté