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On ne cherche pas toujours à être compris quand on écrit, mais, plus certainement, à ne pas l'être...
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On ne cherche pas toujours à être compris quand on écrit, mais, plus certainement, à ne pas l'être...

VIP-Blog de pomdapi-copyright
  • 38 articles publiés
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  • 1 visiteur aujourd'hui
  • Créé le : 23/08/2007 19:57
    Modifié : 08/07/2008 22:13

    Fille (19 ans)
    Origine : Rennes
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    her name is leona

    26/08/2007 18:11



    Je me suis toujours sentie seule, loin des autres... « En marge », disent mes parents. A la clinique, c’était un peu différent, je me sentais moins seule car tout le monde autour de moi évoluait indépendamment les uns des autres, dans une passive solitude qui rendait ma particularité moins difficile à supporter. A la maison, je suis seule. Mes parents ne m’aiment pas, ils ne m’embrassent jamais. Les autres font des câlins à leurs parents ; les miens sont distants. Parfois j’ai l’impression de ne pas exister. A l’école, c’est pire. On m’évite, on me rejette. Maman dit que c’est parce que les autres sont jaloux, que je suis plus belle et plus intelligente qu’eux. Mais ça m’est égal ce qu’ils pensent : je sens bien que je ne suis pas comme eux.

    J’ai eu beaucoup d’amis imaginaires, mais ils m’ont vite ennuyé. C’est bête les amis, et on ne peut jamais compter sur eux. Ca rend triste de perdre un ami, alors c’est aussi bien de rester seul. Pour passer le temps, je lis des livres, je dessine aussi, je lis des histoires d’enfants perdus, de naufragés et de déserteurs, pour apaiser ma solitude. J’esquisse des îles désertes et des planètes vierges où je pourrai vivre tranquille. Ma préférée, je l’ai appelée Nowhere : ça veut dire nulle part en anglais. J’aime bien : ça sonne comme polaire, désert, hémisphère : ça m’évoque le vide, la plénitude, à la fois le froid des contrées glaciaires et l’accablante chaleur solaire. C’est pur ; ça respire,… Nowhere.

    ***

      On l’a toujours trouvée bizarre avec les copains. Il n’y à qu’à voir son prénom : « Léona » : c’est même pas dans le calendrier. Quand je lui ai demandé, elle m’a répondu qu’on la fêtait le jour de la Saint Léon. Alors pour sa fête j’avais apporté des bonbons. Elle m’a souri gentiment, mais par politesse je crois : je n’ai pas eu l’impression que je lui aie fait tant plaisir. J’ai essayé de lui parler plusieurs fois. Elle est vraiment pas normale. Dans la classe tous les garçons sont amoureux d’elle mais elle ne s’intéresse à personne. Les filles sont méchantes avec elle, elles sont jalouses comme pas possible. Je suis triste pour elle. Elle m’intrigue. Je voudrais être son ami pour savoir ce qui se passe dans sa tête. Mais elle n’a pas besoin de moi. Elle n’a besoin de personne. Alors je l’observe, je l’épie. Je lui invente des histoires abracadabrantes : elle est si mystérieuse. Pour moi, elle est la princesse héritière d’un royaume perdu, ses parents seraient des tyrans qui l’auraient chassée du royaume pour régner éternellement. Mais quand je lui ai demandé ce que faisaient ses parents, elle m’a répondu : « Ils sont dans la recherche ». Je n’ai pas bien compris.

    ***

     

    Aujourd’hui quand je suis rentrée de l’école, il s’est passé quelque chose d’étrange. Quelque chose de pas si extraordinaire en fait. Je suis allée à la douche, et c’est là, dans l’eau, il y avait ce filet de sang. J’ai appelé Maman. Il y en avait de plus en plus. Quand elle a vu ça, elle a éclaté en sanglots, elle m’a serré très fort en me rassurant : « c’est rien, ce sont tes premières règles ». Elle m’a sorti une serviette hygiénique et elle est allée voir Papa en pleurant. Je l’entendait larmoyer, je pouvais percevoir dans ses pleurs un mélange de tristesse, de désespoir… et de jubilation. Mon père a essayé de la calmer, puis il s’est mis à pleurer lui aussi Je n’y comprenais rien. J’ai retrouvé mes géniteurs dans le canapé du salon, les yeux enflés et rougis, un sourire béat aux lèvres.

    -         Léona, tu es une grande fille maintenant, on va prendre rendez-vous chez le médecin pour un examen de routine, vérifier ta croissance, … tout ça… »

    Un peu surprise, je les ai laissés à leurs états d’âme et suis partie dans ma chambre dessiner. Inconsciemment, je me suis mise à dessiner les contours de Nowhere. Ils étaient plus distincts dans mon esprit, plus précis sur ma feuille. Ma main était de plus en plus rapide, courait sur le papier. Je me suis finalement endormie sur mon bureau, exténuée.

    ***

     

    Léona n’était pas en classe aujourd’hui. Elle qui ne tombe jamais malade. Ca jasait dans tout la salle ; les filles profitaient de l’absence de leur rivale pour venir nous parler. J’étais un peu inquiet. Ca pouvait être grave. La maîtresse nous a rassurés quand Benoît a eu le courage de demander ce qu’avait Léona. Elle serait certainement de retour demain.

    Mais le lendemain, la chaise de Léona demeurait vide. La maîtresse nous a dit que les parents de Léona avaient appelé et qu’ils prenaient un congé d’une semaine pour des raisons familiales. Il y en a qui ont de la chance de prendre des vacances comme ça !

    ***

     

    Autour de moi tout est blanc et propre. Ca me rappelle quand j’étais petite. La bonne odeur de la clinique, le rythme des cardiogrammes, et cette clarté aveuglante du sur-aseptisé. Maman m’a expliqué que les médecins avaient décelé chez moi une particularité et que j’allais faire quelques tests. J’ai d’abord vu un psychiatre avec qui j’ai longuement discuté. Je lui ai parlé de ma solitude, de ma différence, du désintérêt de mes parents à mon égard, de leur réaction lors de la venue de mes menstruations. Puis il m’a demandé de dessiner ce qui me passait par la tête. J’ai dessiné Nowhere, avec moi dessus. Et puis j’ai écrit la date 1349557h Dudrea IX. Il m’a demandé ce que c’était. J’ai relu. J’ai dit que je ne savais pas. Nous étions le 10 janvier 2034.

     

    ***

     

    Dossier 1023 D2, daté du 2 novembre 2011

    Notes : Suite aux prélèvements effectués lors de l’expédition de mars 2011 sur Venus, les analyses ont permis de déceler la présence de matière organique parmi les minéraux. Les scientifiques responsables du clonage et des manipulations génétiques vont être prochainement chargés de la mise en œuvre d’u protocole expérimental testé sur la souris, la tortue, le cochon d’inde et le singe, afin de déterminer un développement possible de ces fragments génétiques sur des espèces d’êtres vivants.

    Le professeur Broussaud

     

     

     

    Notes : le 4 juillet 2021.

    Les tentatives de transposition du fragment sur différents supports génétiques ont échoué. Cependant les résultats obtenus avec le singe sont encourageants. Avec l’accord du professeur, nous allons tenter de mettre en place une dernière expérimentation.

    M. et Mme Baudoin

    Spécialisés en clonage et bio-génétique

    ***

     

    Acte de naissance

    NOM : BAUDOIN

    Prénom : Léona

    Sexe : féminin

    Date et lieu de naissance : le 13 février 2023 à Paris

     

    ***

     

    Ce soir Maman est venue me voir. Cette fois-ci elle n’a pas pleuré. Elle m’a d’abord dit que j’allais devoir rester un moment, comme lorsque j’étais petite, que petite j’avais eu des problèmes de santé et que les médecins craignaient qu’ils surviennent à l’adolescence. Puis elle s’est arrêté un moment, elle m’a longuement regardé, puis elle a repris : - « Quand ton père et moi étions jeunes, nous travaillions  sur le perfectionnement des méthodes de clonage. À la même époque, des astrophysiciens ont découvert des traces d’une vie lointaine sur Vénus. On nous a chargés de ressusciter des fragments de gènes au travers d’une espèce vivante. Il n’y a que sur l’être humain que ça a fonctionné, … » Au début je ne comprenais pas du tout. Puis le puzzle s’est progressivement agencé dans ma tête. J’étais donc radicalement différente des autres, profondément et biologiquement seule. Alors j’ai demandé : -« Tu crois qu’il reste du monde, là-bas ?. – Peut-être, qui sait ? Maintenant que tu es là ! Après tout, les humains ne sont plus tout à fait seuls désormais, dans cet immense univers… »

    ***

     

    Chère Leona,

    Voilà maintenant un mois qu’on ne te voit plus à l’école. Les autres disent que tu as déménagé. Moi je crois que tu en avais marre de nous et que tu es partie. Tu dois être bien mieux maintenant que tu es seule. C’est dommage, j’aurais tant voulu apprendre à te connaître. La maîtresse m’a donné ton adresse, j’espère que tu y es toujours.

    Ton ami, Martin

    ***

     

    Cher Martin,

    Rassure-toi je vais bien. Ne t’en fais pas pour moi, mais je pense que je ne retournerais pas à l’école, je passe beaucoup de temps à passer des examens. Passe me voir si tu veux…

    « I feel pretty alone »

     Leona





     


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