Il y a des silences sous l’écume
Des mots étouffés sous les vagues
Mais elles murmurent, ronflent toujours
Et n’écoute pas gémir les larmes
Des lames de fond quand elles se coupent
Quand elles se blessent sur les rochers
La mer s’en fout elle continue
Elle va et vient elle se marre
Elle se fout qu’on l’aime qu’on la tue
De jets de pierres dans les vagues
La marée quand elle se retire
Voudrait qu’on aille la chercher
Qu’on aille cueillir quelques étoiles
Et rester là sur un rocher
Attendre se coucher le soleil
Et puis se laisser emporter
Les mouettes rieuses éclatent de rire
Et fendent la mer vert bouteille
Elles strient le ciel de leurs cris
Leurs cris qui percent les nuages
Tandis que les fous de bassants
Lancent des défis aux goélettes
Dans le vent sourd ils se débattent
Se précipitent sur les falaises
Pour les rougir de leur ailes blanches
Il y a des silences sous le sable
Des symphonies pour les plagistes
Qu’on écoute dans les coquillages
Et qu’aiguisent les lames des couteaux
La nuit il y ce fuseau blanc
C’tourniquet qui valse sur deux temps
Des phares muets qui parlent en morse
Et qui braillent pour les aveugles
Certains ont pas vu beugler l’phare
Ou entendu luire son halo
Alors ya le bruit qu’font les noyés
Dans les faits divers, aux infos
Puis les silences des mouchoirs
Qui mouchent les airs de points blancs
Et s’étranglent dans les poings moites
Des mains qui couvrent les visages
En essuie les pleurs et les craintes
Il y a des silences qu’on arrache comme
Les langues de bois des matelots
Comme les dents en or des pirates
Qu’on jette en pâture aux sirènes
Ou qu’on garde comme un trésor
Ces silences qu’on arrache à l’oreille
Pour entendre la mer hurler